Interview | François-Xavier, moniteur de self-défense
- Self Défense Expérience
- 14 sept. 2019
- 8 min de lecture

Cette saison sera placée sous le signe de l’explication*. Un choix motivé par l’envie de changer un peu de contenu car, jusqu’à maintenant (à part pour le cours de Systema) c’était surtout la démonstration qui était mise en avant.Dans ce cadre, nous serons amenés à publier du contenu explicatif plutôt que démonstratif et cela commence avec cette interview de François-Xavier, moniteur de self-défense ayant obtenu son diplôme en janvier 2018 après 6 ans de pratique.
“ Je pense que la self-défense a le gros avantage de ne pas demander de compétences physiques, ça s’adresse à toutes sortes de personnes, de tout âge, parce qu’on essaye au maximum de s’adapter à la personne qu’on a en face ”
Je m’appelle François-Xavier Daumas, j’ai 43 ans, je suis déménageur, j’ai une entreprise, je pratique la self-défense depuis avril 2012, donc ça fait 7 ans maintenant. Et en plus d’être l’assistant de jean, je suis aussi moniteur de tir ce qui rejoint un petit peu l’aspect combat.Je suis un civil total, complet, rien à voir avec les métiers des armes [police, sécurité…].
Vous êtes instructeur ? Est-ce le bon titre ?
Je suis plus un moniteur qu’un instructeur. Pour moi, un instructeur c’est quelqu’un qui a un niveau beaucoup plus avancé. Il y a l’élève, le moniteur et l’instructeur. Je me considère comme un moniteur plus que comme un instructeur. Jean m’a fait passer un diplôme. Je suis donc moniteur. Ça me donne les compétences pour apprendre à des débutants. Je ne m’estime pas encore assez aguerri pour enseigner à des personnes très expérimentées. C’est la différence que je donne entre moniteur et instructeur. C’est un diplôme reconnu.
Pouvez vous expliquer brièvement ce qu’est le self-défense ?
La self-défense est un concept se rapprochant de la défense. C’est à dire que c’est une réponse à une agression, ce n’est pas un combat en soi. C’est la différence, pour moi, qu’il y a entre les arts martiaux qui sont des combats codifiés et la self-défense qui est une réponse à une agression dans la rue ou chez soi mais dans tous les cas, c’est une réponse à une agression.Cela consiste à apprendre des mouvements les plus simples possibles et les plus reptiliens pour ne pas avoir à réfléchir. Comme on est souvent dans un cas de stress lorsqu’on réagit à une agression, on est absolument pas préparé, c’est soudain, il faut que le réflexe vienne naturellement. Il ne faut absolument pas avoir à réfléchir parce qu’on n’est pas préparé. C’est la différence qu’il y a, pour moi, entre le combat codifié et une agression. C’est deux choses totalement différentes. La self-défense sera vraiment une réponse à une agression qu’elle soit verbale, physique ou morale : si il ya une agression, il faut avoir des réflexes, il faut avoir quelque chose en soi qui va faire que l’on va se mettre dans une position de défense, que l’on va sortir de la stupeur due à l’agression.
Sistema, Aikido, Krav-Maga etc. Quelles sont les différence ?
L’aïkido est purement un sport de combat, comme le karaté ou le kung-fu qui ont d’immenses qualités et il faudrait des heures pour en parler. Dans tous les cas ce sont des sports codifiés, ça se déroule sur un tatami, dans un contexte très particulier, face à un seul adversaire avec des mouvements ayant été répétés. C’est codifié. Il y a des règles, un arbitre. Le Krav-Maga, le Sistema, la self-défense comme pratiquée dans notre club, c’est du combat pur tiré du combat militaire qu’on appelait en France « Close Combat » dans les années 50. Ce sont des réactions très rapides, très courtes, très violentes face à une agression. C’est un moyen de se débarrasser d’un adversaire [d’un ennemi]** très rapidement et bien sûr qui dit combat très violent, dit qu’il n’y a pas de règles, pas d’arbitre, pas de loi. La meilleure des lois étant de gagner. Même si il s’agit de faire des gestes qui peuvent paraitre sale comme mettre un doigt dans un œil ou cracher au visage d’un adversaire [d’un ennemi], choses qui ne se font absolument pas sur un tatami ce qui est tout à fait normal compte tenu de la présence de règles, c’est codifié, et que l’on respecte son adversaire sur un tatami car c’est un adversaire. Dans notre cas, c’est un combat : quelqu’un qui va venir agresser une jeune femme dans la rue n’est pas respectable, il faut que la jeune femme s’en sorte.On retrouve un peu ce principe dans le Krav-Maga qui est très à la mode depuis quelques années du fait de la télévision, des réseaux sociaux qui font que. Le Krav-maga n’a été influencé que par le « Close Combat » qu’il soit anglais ou français et mis au point pendant la seconde guerre mondiale, ce n’est rien d’autre. Ce n’est pas en faisant du Krav-Maga que l’on est un super héros. Tout va dépendre du professeur que l’on a.
Comment avez vous commencé à pratiquer cette activité et pourquoi ?
J’ai commencé en cherchant à faire n’importe quel type de self-défense, Krav-maga ou autre, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire mais ma vie personnelle a fait que l’on a subit une agression à domicile ayant été assez violente et j’avais besoin d’apprendre quelques mouvements, je ne savais pas exactement. C’est grâce à internet que je suis arrivé au club de Jean [Self Défense Expérience], tout simplement. Il m’a beaucoup plu, m’a apporté ce dont j’avais besoin à cet instant, ainsi qu’à ma femme qui en a fait pendant 3 ans avec moi. Ça m’a beaucoup plus, j’y suis resté, j’en ai fait de plus en plus sérieusement. Jean m'a ensuite proposé de devenir moniteur.
Depuis quand pratiquez vous et pensez vous que cette discipline soit une méthode miracle ?
Je pratique depuis 7 ans et non, la self-défense n’est pas une méthode miracle. Il n’y a aucune méthode miracle. On va essayer de donner des points clefs pour essayer de se sortir d’une situation. A aucun moment une méthode est miracle : chaque personne va être très différente chaque jour, son ressenti va être différent chaque jour, ce qui fait qu’elle ne va pas réagir de la même manière. A certains moments, nous sommes plus ouverts à l’environnement, plus anxieux. Chacun est différent tous les jours de sa vie. Pour être bref : non, il n’y a aucune méthode miracle. Celui qui vend une méthode miracle est un charlatan, c’est impossible.
Pourquoi avoir décidé d’enseigner ?
Vient un temps où l’on arrive à un certain niveau, une certaine habitude et on a envie de passer à autre chose. Ça a été pareil, comme je le disais tout à l’heure, pour le tir : j’ai pratiqué pendant longtemps le tir de combat et au bout d’un moment j’en suis venu à enseigner aux autres. Il arrive un moment où l’on a envie de partager ce que l’on sait. On a envie de faire profiter un peu les autres. En plus de ça, le fait de donner des cours permet de s’améliorer soi même parce que l’on se rend compte de plein d’erreurs et quand on explique quelque chose à une personne, cette explication permet de s’améliorer soi même. C’est comme ça que je le ressent et je retrouve exactement les mêmes passerelles entre le tir et la self-défense. Le fait d’enseigner m’aide à mieux pratiquer.
Ce diplôme de moniteur vous permet-il d’avoir un métier ou est-ce une passion ?
C’est une passion, c’est le fait aussi de rencontrer des personnes avec qui je m’entend très bien et ce, depuis un grand nombre d’années, mais ça reste totalement une passion. Ce n’est absolument pas mon métier : j’ai un travail depuis 25 ans qui me permet de vivre, c’est pour le plaisir et en même temps pour le côté pratique. J’espère que si un jour je dois me servir de ce que j’ai appris, ça marchera.
Que pensez vous des cours ?
Les cours me conviennent tout à fait : deux soirs par semaine, ça ne le demande pas un investissement monstrueux. En même temps, je dirais que si l’on veut bien faire les choses, deux fois c’est le minimum. Une seule fois c’est un peu juste. La première année, je ne venais qu’une fois et j’ai commencé à faire de très gros progrès depuis que je viens deux fois. Le fait de répéter deux fois par semaine le cours, ça apporte. En général, on répète le même cours les deux soirs ce qui permet, le deuxième soir, d’accentuer sur ce qui n’a pas été bien compris lors du premier cours. Pour moi, ça a été un gros plus.
Considérez vous la self-défense comme un sport ou plutôt comme un outil ?
La self-défense est plus un outil : une personne qui veut faire du sport, vraiment, ira pratiquer plus de deux fois par semaine avec un entrainement plus physique. Nous n’accentuons pas, justement, sur le côté physique : dans le cas d’une agression personne ne se sera échauffé. C’est ce que je disais tout à l’heure, entre un combat cadré et justifié sur un tatami où les sportifs vont arriver préparé pour le combat alors que dans le cas d’une agression se faisant à un instant t, personne ne se sera échauffé, préparé. Ce n’est donc pas un sport mais plutôt un outil.
La self-défense est-elle médiatisée ? Est-ce une bonne chose selon vous ?
Médiatiser c’est toujours une bonne chose, je pense. Je dirais qu’au plus il y aura de personnes qui feront de la self-défense, aux mieux se sera perçu par le public. Le problème qu’il y a, c’est que qui dit médiatisation, dit beaucoup de charlatans automatiquement. Tout ce qui est à la mode y est touché. Pour le Krav-Maga, j’ai eu l’occasion de faire des stages en journée et en week-end. J’ai participé à de super stages de Krav-Maga et j’ai participé à des stages de Krav-Maga complètement nuls, ce qui venait totalement du professeur qui a enseigné ce jour là car certains enseignent des choses qui ne sont pas du tout réalistes.Je précise que je suis totalement bénévole : je fais ça [les cours] par plaisir. C’est pareil pour le tir : je ne gagne pas d’argent, je le fais parce que ça me plait. C’est totalement une passion.
Combien de temps comptez vous continuer cette activité ?
Tant que physiquement je pourrais, je continuerais. C’est quelque chose qui me fait du bien, j’ai un travail assez stressant et prenant. Tant que j’y trouverais une bonne ambiance, des élèves et collègues agréables, oui, c’est quelque chose que je compte continuer pendant longtemps.
Quelque chose à ajouter ?
Je pense que la self-défense a le gros avantage de ne pas demander de compétences physiques, ça s’adresse à toutes sortes de personnes, de tout âge, parce qu’on essaye au maximum de s’adapter à la personne qu’on a en face : on enseignera pas à un jeune homme de 25 ans et d’1m90 de la même manière qu’une femme de 55 ans de 45 Kg ou à un homme de 75 ans et qui a des problèmes de genoux, d’épaules ou autre. Je dirais que ce n’est restreint, à mon avis, que pour les enfants. Il ne faudrait pas commencer la self-défense avant l’entée au collège [15 ans pour Self Défense Expérience] car on parle quand même d’agression, de choses assez graves, noires, lourdes et c’est pour cela que je pense que cette activité n’est pas adaptée aux jeunes. Les sports de combats comme le Taekwondo, le Karaté, le Kung-Fu, quels qu’ils soient où il y a des règles, où l’on apprend à respecter l’adversaire, sont plus adaptés aux jeunes.
Infos pratiques…
Les cours se déroulent le lundi soir à la résidence Valmante [CSC Valmante] de 19h à 20h30 et le mercredi soir à la Cadenelle de 19h à 21h. C’est ouvert à tout le monde à partir de 15 ans parce qu’il y a un problème de taille : il faut quand même une certaine prestance physique pour nous affronter, il ne faut pas mentir à quelqu’un ayant un petit gabarit : quelqu’un qui mesure 1m30 ne fera jamais le poids face à une personne mesurant 1m80. Si il y a des catégorie de poids dans les sports de combat, ce n’est pas pour rien.
* au niveau du contenu publié sur notre page Facebook, notre site internet et notre chaîne YouTube. Les cours ont toujours été délivrés avec une approche pédagogique plutôt que compétitive (pas de compétition).
** les éléments entre crochets [...] ont été rajoutés par le transcripteur à des fins de correction et de lucidité.
Pour en savoir plus sur notre activité, vous pouvez naviguer sur notre page Facebook et sur notre site internet !
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